Baptiste Hersoc

Il se reposait depuis un moment quand il eut faim. Il se dit que le corps devait être goûteux. Il baissa la tête, l’examina avec son œil droit, ensuite avec son œil gauche et se mit à le piquer à coups de bec jusqu’à ne plus avoir faim.

Dans des temps reculés, il était un vieux et une vieille. Le vieux était un vrai homme et la vieille n’était qu’à moitié humaine, l’autre moitié était animale ou plus précisément elle était à moitié chienne. On riait dans son dos, mais on la redoutait et devant elle tout le monde lui témoignait du respect…

Au milieu de la nuit, les deux sœurs se mirent à crier. Les brigands, qui étaient partis en maraude, firent demi-tour. Alors les jeunes filles vidèrent leur sac de plumes, ce qui déclencha une tempête de neige comme on n’en avait jamais vue. Les brigands ne voyaient plus rien. Ils se perdirent en route, tournèrent en rond toute la nuit et moururent de froid. Et les deux sœurs purent rentrer chez leur mère avec le troupeau de rennes.

Il était une fois un jeune Lapon qui avait une bonne amie. Elle mit un enfant au monde en grand secret dans la toundra. Elle l’étouffa à moitié et c’est le père qui l’acheva. Puis il prit les ciseaux de la mère et les mit dans la bouche de l’enfant mort pour l’empêcher de crier. En ce temps-là on ne savait pas comment empêcher un epper, un enfant assassiné, de crier.

Le jeune homme entra dans la cour de ferme et aperçut aussitôt trois oiseaux d’or, et la queue de l’un d’eux avait perdu une plume.

Le plongeon a une vilaine voix sinistre. C’est sa punition pour avoir tué un être humain. En effet, il y avait une fois un homme qui avait attrapé un plongeon dans ses rets. Mais quand il voulut sortir l’oiseau du piège, celui-ci l’attaqua et lui perça le cœur de son bec. Depuis ce jour, le plongeon a pour chant le cri de mort de sa victime.

Au temps où Dieu était en train de créer les animaux, il en avait mis quelques-uns à paître au bord d’un torrent. Jésus arriva et voulut traverser le torrent. Il demanda au renne de le porter sur son dos.

La nourriture était abondante. Les arbres portaient non seulement des fruits, mais aussi des rôtis et des fromages, les buissons ployaient sous les baies, et les sources jaillissaient de partout, pleines de lait bien crémeux. Les rivières et les ruisseaux regorgeaient de poissons. L’abondance régnait, et personne ne savait ce qu’était le travail…